Ce weekend, j'ai fêté Samhain. Deux fois. Comme l'année dernière, Nancy est restée à la maison parce qu'elle préfère fêter Samhain seule avec elle-même (pour Beltaine c'est une autre histoire).
Le premier Samhain s'est étalé du vendredi soir au lundi midi, dans un gîte pas très loin de Huelgoat, où on a fait la cérémonie proprement dite le samedi soir. Là-bas il y avait, entre autres, Gwenn, Bronagh, Isatis, Skjaera, et le Druide (et plein d'autres mais ils sont moins concernés par ce post). Le second s'est déroulé le lundi soir à Brocéliande avec d'autres gens que j'aime (le Druide toujours, mais aussi Lys, qui compte beaucoup pour moi, et d'autres gens encore).
Il s'est passé des choses assez décisives pour moi, principalement pendant le premier, donc, je blogue.
Samedi soir, juste avant la cérémonie. Comme des boulets, on avait oublié le tire-bouchon, ce qui été relativement problématique pour ouvrir la bouteille d'hydromel qui avait été prévue pour la libation. Problème réglé par votre serviteur qui s'est servi de son bâton de marche pour faire tomber le bouchon au fond de la bouteille avec toute la délicatesse dont je suis capable. Comme il se doit, le goulot de la bouteille s'est pété net, deux morceaux de verre sont tombés par terre (mais aucun dans la bouteille !), le goulot s'est fendu juste au-dessus de la main de T. qui tenait la bouteille. Un demi-centimètre plus bas il y aurait eu du sang... Bien entendu, en ramassant les morceaux, je me suis moi-même un peu coupé. Une petite coupure au doigt qui coulait pas mal, rien de grave, juste vexant. Après avoir essuyé mon doigt avec un mouchoir, plusieurs fois, et en voyant que ça saignait toujours, je me suis fait du Reiki (qui marche bien pour arrêter le sang, dans ces cas-là).
Pendant ce temps, X. s'était allongé par terre en se plaignant d'avoir mal à l'épaule. Bronagh, Isatis et/ou Skjaera (je ne sais plus si elles étaient toutes les trois dessus dès le début, mais c'était le cas quand ça a commencé à partir en live) ont voulu s'en occuper, et, ben, il est parti en transe, un peu à la surprise générale (sauf de Skjaera, semble-t-il). C'était assez impressionnant de le voir pris de convulsions puis se mettre à claquer des dents tellement il était frigorifié.
Mon doigt s'était arrêté de saigner assez rapidement avec le Reiki, mais mes mains se sont mises à être bouillantes et à vibrer à mort, signe que le Reiki était prêt à sortir. Je me suis donc approché de X. parce que c'était clairement à lui que c'était destiné.
Parenthèse. Je n'osais jusqu'ici pas trop proposer du Reiki à ce groupe de gens, parce que c'est un truc vaguement New Age qui a une mauvaise image à cause d'une liste longue comme ça de gens et de charlatans et d'arnaqueurs, et que ça s'éloigne un peu du noyau du groupe que je considère plutôt orienté sorcières, druide et/ou Ásatrú. J'avais un peu le sentiment que le Reiki était boudé par la plupart des gens du groupe, que ce soit parce qu'ils s'en foutent ou qu'ils voient pas ça d'un bon oeil.
Fin de la parenthèse. Tout ça pour résumer la situation telle que je l'ai perçue à ce moment là (ce qui s'est avéré éloigné de la réalité sur plusieurs points) : X. est parti *loin*, Isatis a le visage fermé en mode "vous approchez pas", Bronagh panique à moitié, Skjaera semble gérer à peu près (sur le coup j'ai pas trop fait gaffe), et moi qui me retrouve avec mes mains qui me crient dessus "VA T'OCCUPER DE LUI PUTAIN". Well. Je me suis approché de X. et des trois sorcières, et j'ai tenté de demander à Isatis si je pouvais filer un coup de main. Quand je dis que j'ai tenté, je veux dire par là que je n'osais pas, que j'ai dû bredouiller un truc inintelligible, et que j'ai cru entendre une réponse d'Isatis signifiant "non" (alors qu'avec le recul, elle a peut-être même pas entendu). Gros fumble de communication dans tous les cas... Vachement refroidi (enfin, pas littéralement, mes mains continuaient d'être brûlantes) et vexé, je suis resté autour d'eux quelques minutes, partagé entre le désir de m'écouter et d'aller y foutre mes mains, et celui de respecter l'absence de consentement de la personne que j'avais jugé en charge, sur le coup.
Je ne saurais pas dire si c'était avant ou après que X. revienne parmi nous, mais j'ai fini par aller bouder dans mon coin. Colère, exaspération que ma pratique spirituelle ne soit pas appréciée/acceptée par une partie des gens, rage d'avoir été rejeté alors que je savais que j'aurais dû aller lui faire ce putain de Reiki, sentiment d'exclusion, tout ça est monté progressivement en moi, exacerbé par le fait qu'apparemment personne n'avait tilté que j'étais lentement en train de péter un câble. En mode full Caliméro, j'ai hésité à me barrer pour attendre les gens aux voitures, mais je suis resté.
Pendant la cérémonie, j'étais pas dedans. J'étais encore furieux, et je me sentais isolé et paumé, alors que tout le monde autour de moi semblait pratiquer son truc de son côté, tranquillement (enfin, hum, plus ou moins tranquillement).
J'ai brûlé mes cheveux.
J'ai eu une pensée pour mes deux grands-pères dont je n'ai appris le côté éso/guérisseur qu'après leur mort.
Je me suis cramponné à la terre de mes mains et de mes ongles et j'ai serré, serré les poings pour évacuer toute la rage qui me bouffait.
Je savais qu'il aurait fallu que je fasse ce foutu soin, mes mains m'avaient crié dessus, fais-le, fais-le ! Mais je ne l'ai pas fait et je le regrettais et c'était trop tard. Je crois que c'est là que j'ai commencé à me dire que je n'étais pas moins apte que les autres à savoir si telle ou telle personne avait besoin d'un soin et que j'aurais dû prendre ma place.
Et puis Isatis est partie à son tour (pas une transe, me dit-elle, je ne sais pas trop ce que c'était, mais...).
J'ai regardé mes mains qui s'étaient remises à chauffer d'un coup et qui, si elles avaient eu un visage, m'auraient regardé d'un air narquois façon "bon, tu comptes refaire la même erreur ?". Je me suis levé, je me suis foutu à côté d'Isatis, j'ai appelé les symboles et nos guides et les dieux, et j'ai plaqué mes mains brûlantes sur sa tête. Et l'énergie est passée, comme un torrent, et elle était comme une éponge. Quand le torrent s'est tari, j'ai terminé le soin, j'ai laissé Gwenn et (Bronagh, je crois ?) finir de s'occuper d'Isatis, et je suis allé voir ailleurs si j'y étais. Cette fois j'avais le sentiment d'avoir fait ce qu'il y avait à faire. J'ai appris par la suite qu'Isatis n'a pas du tout DU TOUT apprécié que je fasse ça sans lui demander son avis, ce qui avec le recul était une énorme connerie de ma part, moi qui me tue à répéter que consentement, consentement, consentement (lesson learned).
Puis Skjaera s'est mise dans les bras du Druide et a pleuré, et il lui a dit de hurler pour que ça sorte, et elle a hurlé. Bronagh était en train de s'occuper de Skjaera, et moi, mes mains s'étaient à nouveau réveillées, alors je me suis remis à la tâche et je les ai foutues sur son dos, et l'énergie est passée aussi.
On a fini par rentrer au gîte. Avec le recul, le truc un peu étrange, c'est que pendant la cérémonie, tout le monde était tellement focalisé sur son truc ou sur les gens en transe/machin que je ne suis même pas sûr que les gens ont remarqué quand je faisais du Reiki... Bon. Au moins je l'ai fait.
Pendant la soirée, Bronagh avait chopé le mal de ventre de Skjaera. Je lui ai proposé du Reiki. Je lui ai fait passer son mal de ventre.
Plus tard dans la soirée, j'ai eu une longue discussion avec Skjaera (les discussions avec Skjaera, c'est quelque chose, quand elle s'y met). À la base je voulais lui raconter ce qui s'était passé de mon côté pendant la cérémonie, mon rejet, mon sentiment d'exclusion. Elle m'a un peu secoué les puces (Skjaera, quoi), en me faisant comprendre qu'il fallait que j'arrête de m'excuser sans arrêt, que je devais arrêter de chercher sans arrêt la validation des autres, qu'il fallait que je m'impose plus et que j'allais devoir me démerder un peu tout seul plutôt que chercher quelqu'un pour m'apprendre. Que si je voulais proposer des soins aux gens, il fallait que j'aie un peu plus confiance en moi, parce que les gens préfèreront un charlatan qui dégage de la confiance en lui, qu'un mec sincère qui a l'air hésitant.
Elle m'a engueulé en me disant qu'il fallait que j'arrête de douter de mes compétences, vu que ça marchait, la preuve, le bide de Bronagh pour le dernier exemple en date.
On a fait quelques exercices pour ressentir l'énergie, c'était assez chouette.
Dimanche. J'ai refait du Reiki, à Skjaera cette fois, à sa demande. Suite à ces événements, j'étais beaucoup plus sûr de moi, et le Reiki est passé beaucoup mieux que d'habitude.
En fin d'après-midi, pendant que Bronagh me faisait un massage shiatsu que j'avais passé la journée à lui réclamer, j'ai eu une longue discussion avec elle. La discussion était d'ailleurs totalement dans la continuité de celle que j'ai eue la veille avec Skjaera, au point que je confonds complètement laquelle des deux m'a dit quoi ! Elle aussi m'a engueulé (décidemment...), m'a redit d'arrêter de douter, que son mal de bide c'était moi et personne d'autre qui le lui avais fait passer. Elle m'a redit de croire en moi et d'aller de moi-même vers les gens. Je lui ai aussi parlé de mon sentiment d'exclusion et de rejet, et elle m'a signalé que si les gens m'invitaient à chaque sabbat, notamment à celui-là où il y avait moins de monde que la dernière fois, c'était peut-être parce que les gens m'appréciaient, contrairement à ce que je croyais. Mais qu'ils n'allaient pas s'amuser à me le dire sans arrêt.
Plus tard dans la soirée, une fois pas mal de gens repartis (notamment Isatis et Skjaera), on papotait tous ensemble quand le sujet est revenu sur le tapis, je ne sais plus trop comment. J'ai donc eu droit à Yves et à Gwenn qui m'engueulaient gentiment en me disant eux aussi que si j'étais invité à chaque sabbat, c'était pas pour rien. Bronagh s'est bien marrée en entendant ça, elle me disait "HA ! PROFITE ! PROFITE !" avec un grand sourire narquois.
Lundi, avant que le Druide et moi on reparte. La décision s'est imposée à moi, non pas comme une révélation fracassante, mais tout doucement, comme une évidence.
Ça faisait des années que je ne savais pas quoi foutre de ma vie spirituelle. Que les panthéons me laissent de marbre. Que j'ai envie de faire des câlins aux gens qui vont mal. Et ça fait des années que tout le monde me dit que j'ai une présence apaisante.
Suite à la cérémonie, puis aux discussions avec Skjaera et Bronagh et tout le groupe, j'ai pu expérimenter ce que ça faisait de proposer des soins en croyant en moi : ça change tout. Et c'est ma place.
Je vais devenir guérisseur.
Concrètement, je vais proposer du Reiki beaucoup plus qu'avant et à plus de gens. Ça passera probablement par une sorte de coming-out au boulot, pas forcément un "AU FAIT" à la pause café, mais un "je suis en train de devenir guérisseur et je fais des soins par imposition des mains, tu veux que j'essaie ?" quand quelqu'un va pas bien. (Ça va surtout commencer par faire lire ce post à deux collègues, tiens).
Je vais également chercher d'autres méthodes de soin à rajouter à ma trousse à outils.
Et puis, pratiquer, pratiquer, pratiquer pour développer toujours plus mes capacités...
Voilà, ça c'était pour le Samhain 1.
Le Samhain 2 ? J'y ai retrouvé d'autres gens que j'aimais, j'ai annoncé à Lys ma décision de devenir guérisseur, elle était heureuse pour moi et m'a fait un câlin, et le reste de la soirée a été constitué d'une autre cérémonie où on était un peu moins nombreux. J'y ai refait des soins dans ce nouvel état d'esprit, là et le lendemain, et c'était parfait, et j'ai rencontré d'autres gens chouettes à qui j'ai fait des câlins et que j'ai envie de revoir.
La saison sombre commence et j'ai de nouvelles armes pour l'affronter.
Je termine ce post avec le ciel de Samhain, cette nuit-là.
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