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Mot-clé - Brocéliande

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vendredi 4 novembre 2016

Ceci est la nuit de Samhain

Ce weekend, j'ai fêté Samhain. Deux fois. Comme l'année dernière, Nancy est restée à la maison parce qu'elle préfère fêter Samhain seule avec elle-même (pour Beltaine c'est une autre histoire).

Le premier Samhain s'est étalé du vendredi soir au lundi midi, dans un gîte pas très loin de Huelgoat, où on a fait la cérémonie proprement dite le samedi soir. Là-bas il y avait, entre autres, Gwenn, Bronagh, Isatis, Skjaera, et le Druide (et plein d'autres mais ils sont moins concernés par ce post). Le second s'est déroulé le lundi soir à Brocéliande avec d'autres gens que j'aime (le Druide toujours, mais aussi Lys, qui compte beaucoup pour moi, et d'autres gens encore).

Il s'est passé des choses assez décisives pour moi, principalement pendant le premier, donc, je blogue.

Samedi soir, juste avant la cérémonie. Comme des boulets, on avait oublié le tire-bouchon, ce qui été relativement problématique pour ouvrir la bouteille d'hydromel qui avait été prévue pour la libation. Problème réglé par votre serviteur qui s'est servi de son bâton de marche pour faire tomber le bouchon au fond de la bouteille avec toute la délicatesse dont je suis capable. Comme il se doit, le goulot de la bouteille s'est pété net, deux morceaux de verre sont tombés par terre (mais aucun dans la bouteille !), le goulot s'est fendu juste au-dessus de la main de T. qui tenait la bouteille. Un demi-centimètre plus bas il y aurait eu du sang... Bien entendu, en ramassant les morceaux, je me suis moi-même un peu coupé. Une petite coupure au doigt qui coulait pas mal, rien de grave, juste vexant. Après avoir essuyé mon doigt avec un mouchoir, plusieurs fois, et en voyant que ça saignait toujours, je me suis fait du Reiki (qui marche bien pour arrêter le sang, dans ces cas-là).

Pendant ce temps, X. s'était allongé par terre en se plaignant d'avoir mal à l'épaule. Bronagh, Isatis et/ou Skjaera (je ne sais plus si elles étaient toutes les trois dessus dès le début, mais c'était le cas quand ça a commencé à partir en live) ont voulu s'en occuper, et, ben, il est parti en transe, un peu à la surprise générale (sauf de Skjaera, semble-t-il). C'était assez impressionnant de le voir pris de convulsions puis se mettre à claquer des dents tellement il était frigorifié.

Mon doigt s'était arrêté de saigner assez rapidement avec le Reiki, mais mes mains se sont mises à être bouillantes et à vibrer à mort, signe que le Reiki était prêt à sortir. Je me suis donc approché de X. parce que c'était clairement à lui que c'était destiné.

Parenthèse. Je n'osais jusqu'ici pas trop proposer du Reiki à ce groupe de gens, parce que c'est un truc vaguement New Age qui a une mauvaise image à cause d'une liste longue comme ça de gens et de charlatans et d'arnaqueurs, et que ça s'éloigne un peu du noyau du groupe que je considère plutôt orienté sorcières, druide et/ou Ásatrú. J'avais un peu le sentiment que le Reiki était boudé par la plupart des gens du groupe, que ce soit parce qu'ils s'en foutent ou qu'ils voient pas ça d'un bon oeil.

Fin de la parenthèse. Tout ça pour résumer la situation telle que je l'ai perçue à ce moment là (ce qui s'est avéré éloigné de la réalité sur plusieurs points) : X. est parti *loin*, Isatis a le visage fermé en mode "vous approchez pas", Bronagh panique à moitié, Skjaera semble gérer à peu près (sur le coup j'ai pas trop fait gaffe), et moi qui me retrouve avec mes mains qui me crient dessus "VA T'OCCUPER DE LUI PUTAIN". Well. Je me suis approché de X. et des trois sorcières, et j'ai tenté de demander à Isatis si je pouvais filer un coup de main. Quand je dis que j'ai tenté, je veux dire par là que je n'osais pas, que j'ai dû bredouiller un truc inintelligible, et que j'ai cru entendre une réponse d'Isatis signifiant "non" (alors qu'avec le recul, elle a peut-être même pas entendu). Gros fumble de communication dans tous les cas... Vachement refroidi (enfin, pas littéralement, mes mains continuaient d'être brûlantes) et vexé, je suis resté autour d'eux quelques minutes, partagé entre le désir de m'écouter et d'aller y foutre mes mains, et celui de respecter l'absence de consentement de la personne que j'avais jugé en charge, sur le coup.

Je ne saurais pas dire si c'était avant ou après que X. revienne parmi nous, mais j'ai fini par aller bouder dans mon coin. Colère, exaspération que ma pratique spirituelle ne soit pas appréciée/acceptée par une partie des gens, rage d'avoir été rejeté alors que je savais que j'aurais dû aller lui faire ce putain de Reiki, sentiment d'exclusion, tout ça est monté progressivement en moi, exacerbé par le fait qu'apparemment personne n'avait tilté que j'étais lentement en train de péter un câble. En mode full Caliméro, j'ai hésité à me barrer pour attendre les gens aux voitures, mais je suis resté.

Pendant la cérémonie, j'étais pas dedans. J'étais encore furieux, et je me sentais isolé et paumé, alors que tout le monde autour de moi semblait pratiquer son truc de son côté, tranquillement (enfin, hum, plus ou moins tranquillement).
J'ai brûlé mes cheveux.
J'ai eu une pensée pour mes deux grands-pères dont je n'ai appris le côté éso/guérisseur qu'après leur mort.
Je me suis cramponné à la terre de mes mains et de mes ongles et j'ai serré, serré les poings pour évacuer toute la rage qui me bouffait.

Je savais qu'il aurait fallu que je fasse ce foutu soin, mes mains m'avaient crié dessus, fais-le, fais-le ! Mais je ne l'ai pas fait et je le regrettais et c'était trop tard. Je crois que c'est là que j'ai commencé à me dire que je n'étais pas moins apte que les autres à savoir si telle ou telle personne avait besoin d'un soin et que j'aurais dû prendre ma place.

Et puis Isatis est partie à son tour (pas une transe, me dit-elle, je ne sais pas trop ce que c'était, mais...).
J'ai regardé mes mains qui s'étaient remises à chauffer d'un coup et qui, si elles avaient eu un visage, m'auraient regardé d'un air narquois façon "bon, tu comptes refaire la même erreur ?". Je me suis levé, je me suis foutu à côté d'Isatis, j'ai appelé les symboles et nos guides et les dieux, et j'ai plaqué mes mains brûlantes sur sa tête. Et l'énergie est passée, comme un torrent, et elle était comme une éponge. Quand le torrent s'est tari, j'ai terminé le soin, j'ai laissé Gwenn et (Bronagh, je crois ?) finir de s'occuper d'Isatis, et je suis allé voir ailleurs si j'y étais. Cette fois j'avais le sentiment d'avoir fait ce qu'il y avait à faire. J'ai appris par la suite qu'Isatis n'a pas du tout DU TOUT apprécié que je fasse ça sans lui demander son avis, ce qui avec le recul était une énorme connerie de ma part, moi qui me tue à répéter que consentement, consentement, consentement (lesson learned).

Puis Skjaera s'est mise dans les bras du Druide et a pleuré, et il lui a dit de hurler pour que ça sorte, et elle a hurlé. Bronagh était en train de s'occuper de Skjaera, et moi, mes mains s'étaient à nouveau réveillées, alors je me suis remis à la tâche et je les ai foutues sur son dos, et l'énergie est passée aussi.

On a fini par rentrer au gîte. Avec le recul, le truc un peu étrange, c'est que pendant la cérémonie, tout le monde était tellement focalisé sur son truc ou sur les gens en transe/machin que je ne suis même pas sûr que les gens ont remarqué quand je faisais du Reiki... Bon. Au moins je l'ai fait.

Pendant la soirée, Bronagh avait chopé le mal de ventre de Skjaera. Je lui ai proposé du Reiki. Je lui ai fait passer son mal de ventre.

Plus tard dans la soirée, j'ai eu une longue discussion avec Skjaera (les discussions avec Skjaera, c'est quelque chose, quand elle s'y met). À la base je voulais lui raconter ce qui s'était passé de mon côté pendant la cérémonie, mon rejet, mon sentiment d'exclusion. Elle m'a un peu secoué les puces (Skjaera, quoi), en me faisant comprendre qu'il fallait que j'arrête de m'excuser sans arrêt, que je devais arrêter de chercher sans arrêt la validation des autres, qu'il fallait que je m'impose plus et que j'allais devoir me démerder un peu tout seul plutôt que chercher quelqu'un pour m'apprendre. Que si je voulais proposer des soins aux gens, il fallait que j'aie un peu plus confiance en moi, parce que les gens préfèreront un charlatan qui dégage de la confiance en lui, qu'un mec sincère qui a l'air hésitant.
Elle m'a engueulé en me disant qu'il fallait que j'arrête de douter de mes compétences, vu que ça marchait, la preuve, le bide de Bronagh pour le dernier exemple en date.
On a fait quelques exercices pour ressentir l'énergie, c'était assez chouette.

Dimanche. J'ai refait du Reiki, à Skjaera cette fois, à sa demande. Suite à ces événements, j'étais beaucoup plus sûr de moi, et le Reiki est passé beaucoup mieux que d'habitude.

En fin d'après-midi, pendant que Bronagh me faisait un massage shiatsu que j'avais passé la journée à lui réclamer, j'ai eu une longue discussion avec elle. La discussion était d'ailleurs totalement dans la continuité de celle que j'ai eue la veille avec Skjaera, au point que je confonds complètement laquelle des deux m'a dit quoi ! Elle aussi m'a engueulé (décidemment...), m'a redit d'arrêter de douter, que son mal de bide c'était moi et personne d'autre qui le lui avais fait passer. Elle m'a redit de croire en moi et d'aller de moi-même vers les gens. Je lui ai aussi parlé de mon sentiment d'exclusion et de rejet, et elle m'a signalé que si les gens m'invitaient à chaque sabbat, notamment à celui-là où il y avait moins de monde que la dernière fois, c'était peut-être parce que les gens m'appréciaient, contrairement à ce que je croyais. Mais qu'ils n'allaient pas s'amuser à me le dire sans arrêt.

Plus tard dans la soirée, une fois pas mal de gens repartis (notamment Isatis et Skjaera), on papotait tous ensemble quand le sujet est revenu sur le tapis, je ne sais plus trop comment. J'ai donc eu droit à Yves et à Gwenn qui m'engueulaient gentiment en me disant eux aussi que si j'étais invité à chaque sabbat, c'était pas pour rien. Bronagh s'est bien marrée en entendant ça, elle me disait "HA ! PROFITE ! PROFITE !" avec un grand sourire narquois.

Lundi, avant que le Druide et moi on reparte. La décision s'est imposée à moi, non pas comme une révélation fracassante, mais tout doucement, comme une évidence.

Ça faisait des années que je ne savais pas quoi foutre de ma vie spirituelle. Que les panthéons me laissent de marbre. Que j'ai envie de faire des câlins aux gens qui vont mal. Et ça fait des années que tout le monde me dit que j'ai une présence apaisante.

Suite à la cérémonie, puis aux discussions avec Skjaera et Bronagh et tout le groupe, j'ai pu expérimenter ce que ça faisait de proposer des soins en croyant en moi : ça change tout. Et c'est ma place.

Je vais devenir guérisseur.

Concrètement, je vais proposer du Reiki beaucoup plus qu'avant et à plus de gens. Ça passera probablement par une sorte de coming-out au boulot, pas forcément un "AU FAIT" à la pause café, mais un "je suis en train de devenir guérisseur et je fais des soins par imposition des mains, tu veux que j'essaie ?" quand quelqu'un va pas bien. (Ça va surtout commencer par faire lire ce post à deux collègues, tiens).
Je vais également chercher d'autres méthodes de soin à rajouter à ma trousse à outils.

Et puis, pratiquer, pratiquer, pratiquer pour développer toujours plus mes capacités...

Voilà, ça c'était pour le Samhain 1.

Le Samhain 2 ? J'y ai retrouvé d'autres gens que j'aimais, j'ai annoncé à Lys ma décision de devenir guérisseur, elle était heureuse pour moi et m'a fait un câlin, et le reste de la soirée a été constitué d'une autre cérémonie où on était un peu moins nombreux. J'y ai refait des soins dans ce nouvel état d'esprit, là et le lendemain, et c'était parfait, et j'ai rencontré d'autres gens chouettes à qui j'ai fait des câlins et que j'ai envie de revoir.

La saison sombre commence et j'ai de nouvelles armes pour l'affronter.

Je termine ce post avec le ciel de Samhain, cette nuit-là.

(Cliquez pour agrandir)

mercredi 6 juin 2012

Grmbl

J'ai envie d'écrire mais je ne sais pas quoi (ce qui est problématique). Alors pouf je me lance, ça donne généralement un post encore plus décousu que d'habitude, mais bref (<- un post n'est pas un vrai post s'il ne contient pas au moins un "bref").

Mes angoisses existentielles me reprennent, comme à chaque fois qu'un truc ne se passe pas comme je le voudrais (ou comme je pense que je le voudrais, va savoir ce que mon inconscient veut réellement, lui).

Genre, essayer de changer de boîte ? Perdu, essaye encore. Mais mon inconscient lui, il était terrorisé de devoir affronter une période d'essai alors qu'une crise risque de s'amener. Risque. J'ai eu peur d'un truc sur la base de pures spéculations. 

En attendant, retour à la case départ.

M'enfin (<- un post n'est pas un vrai post s'il ne contient pas au moins un "m'enfin", aussi).

Mes questions existentielles concernent, encore et toujours, la magie (enfin, son existence). Et mon incapacité à ressentir quoi que ce soit. Rien. Nothing. Que dalle.
Samhain à Brocéliande ? Je regardais les autres faire leurs rituels, à fond dedans, pendant que moi je ne ressentais... Rien. Rien de plus que la douceur d'un soir d'octobre particulièrement chaud pour la saison et les gouttes de pluie, minuscules, qui se comptaient sur les doigts d'une main et qui se déposaient sur les miennes.
Le pendule ? J'ai l'impression que ce truc se fout définitivement de ma gueule à tel point que je n'ai même plus envie de le toucher.
Les cartes ? Ça s'est vérifié. Ou pas. C'est tellement vague...
Les pierres ? Avec la collection que Nancy a, si ces trucs avaient un effet sur moi, je l'aurais senti depuis longtemps. Une obsidienne œil céleste grosse comme ça, que dalle, une améthyste gigantesque à côté de l'oreiller, rien, toutes ces pierres supposées avoir un effet surpuissant, nada.
Beltaine à Brocéliande ? Haha, le fiasco, putain. Pauvre Ponthus pour lequel on n'a finalement rien fait, par lâcheté, flemme, manque de temps, excuses plus mauvaises les unes que les autres. Pauvre Ponthus qui est peut-être en train de moisir par sa blessure, bouffé par les insectes. Dans deux ans, s'il est mort entre temps, je dirai que j'étais occupé à chercher du boulot ailleurs (et que j'ai pas réussi), et que quand j'avais du temps libre je le passais sur Diablo 3 ou Path of Exile plutôt que passer un ou deux coups de fil pour agir. Connard. Connard. Connard.

Mon côté rationnel qui est toujours là se marre bien et me dit que c'est normal, ça n'existe pas, c'est du vent. Que les Humains sont tous des cons et qu'il n'y aura personne pour nous sauver, qu'être altruiste c'est bien deux minutes pour se soulager la conscience en se disant qu'on est un mec bien, mais que c'est juste une perte d'énergie qui a pour seule conséquence qu'on se laisse bouffer par les 90% de connards qui peuplent la planète.

La seule chose qu'il y a de magique dans ma vie, c'est Nancy, mes amis et ma famille. C'est énorme, limite incroyable d'avoir autant d'amis que j'aime profondément, pas juste-des-potes, surtout quand je repense à l'ado associal que j'étais il n'y a pas si longtemps, mais ils ne sont pas capables de répondre à mes questions existentielles, juste à me permettre de les oublier quelques instants.

Ma sœur a accouché il y a une semaine, et j'ai eu les larmes aux yeux quand j'ai reçu son sms disant qu'elle avait des contractions depuis le matin. Alice, sa fille, est un bébé magnifique et c'est génial pour eux, vraiment.

Mais ça m'amène juste plus de questions existentielles. Je regarde mon appart et je ne vois pas un appart d'adulte. Je regarde ma vie et je ne vois pas où je vais. J'essaie de m'imaginer dans 20 ans et je ne vois rien. Mon train de vie boulot/métro/Nancy/amis/dodo ne peut pas durer éternellement. Ou peut-être que si ? Qu'est-ce qu'il peut y avoir comme changement d'ici là ? On n'aura sans doute jamais d'enfant, Nancy et moi. Mes amis ne resteront sans doute pas tous à Rennes ni même en France ni même en vie et ça me glace le sang d'imaginer perdre un seul d'entre eux. Mais ça arrivera sans doute par la force des choses.

Des fois je me dis que je fais sans doute une dépression et que je devrais voir un psy, mais j'ai la trouille que les médicaments me détraquent la santé qui n'est déjà franchement pas terrible. Et ça serait un aveu de faiblesse et le seul aveu que je suis prêt à faire c'est que j'ai un putain d'orgueil.

Me faudrait juste une raison de continuer, ou plutôt recommencer, à croire. Sans la Foi, sans la certitude qu'il y a quelque chose d'autre, j'ai juste envie de tout balancer.

mercredi 9 mai 2012

Cauchemar de merde

...Que je n'arrive pas à interpréter.

-

Brocéliande vient de subir une catastrophe, je ne sais plus laquelle. Raz de marée ? Quoi qu'il en soit, je suis en route pour le Hêtre. Le chemin est interrompu par un gigantesque trou dans le sol, un cercle d'à peu près 200 mètres de diamètre aux parois verticales, empli d'eau. Je ne vois pas le fond mais je visualise parfaitement que quelqu'un qui tomberait dedans ne pourrait pas en sortir, à cause des parois verticales. Panique. Je préviens les autres (par téléphone ?), horrifié, que le Hêtre n'est plus accessible.

Par une ellipse propre aux rêves, je me jette à l'eau, et je me rends compte avec joie qu'en fait, j'ai pied ! L'eau m'arrive jusqu'aux mollets. Je ne vois plus l'autre côté, par contre, et je commence à avancer, les pieds dans l'eau. Je m'arrête, effrayé : et si ça faisait comme à la mer, qu'on a pied près du bord mais que plus on avance, plus on s'enfonce ?

(Ellipse)

Je recommence le chemin. Je finis par arriver au Hêtre. Il est tout seul sur une sorte de pente (je ne me souviens pas de voir d'autres arbres mais comme c'est un rêve... mon attention n'était fixée que sur lui). Je le caresse de l'index pour lui apporter (et m'apporter) un peu de réconfort, après toutes les souffrances qu'il a endurées. Je lui fais un câlin.
Soudain, j'entends un sifflement venu du ciel, façon bombe qui tombe. Ladite bombe explose pas loin de moi, une minuscule explosion que je perçois très clairement pour ce qu'elle est : un avertissement m'intimant l'ordre d'arrêter de m'approcher du Hêtre. Je lève la tête, un hélicoptère loin dans le ciel me surveille.

Je m'éloigne et vais demander à une sorte de garde forestier pourquoi je n'ai pas le droit de l'approcher. Il me dit que c'est comme ça, et que je dois aller payer au guichet. Je vais dans une sorte de cabane qui se trouve à côté du Hêtre (normal), et dedans, la caissière me demande une somme astronomique, genre 10000€. J'hallucine, et elle me répond que ça coûte cher mais que ce n'est pas rien d'avoir le privilège d'abattre une vache.

C'est un rêve, donc j'ai à disposition des informations sur le contexte du rêve que je n'aurais pas autrement. Bref, le lieu est une sorte d'attraction, de parc ? Fréquentée par pas mal de gens, et le Hêtre est un reliquat du lieu qu'il faut quand même éviter d'abîmer. À la caissière, je réponds que je suis végétarien (c'est un mensonge, même dans mon rêve) et que je ne veux pas payer les 10000€. En vrai, j'ai juste pas envie d'abattre une pauvre vache qui ne m'a rien demandé, et surtout, je suis venu voir le Hêtre, moi, bordel.

(Ellipse)

Je retourne voir le Hêtre (le contexte du rêve a changé, je ne suis pas sûr que ça se déroule chronologiquement après ou si c'est juste un rêve différent). Je dois passer par une sorte de bâtiment-sas : une porte d'entrée, puis une porte de sortie vers le Hêtre. Au moment où je franchis la porte d'entrée, j'entends une sirène au loin, façon alerte nucléaire.

Dans la pièce, j'ouvre la porte de sortie et ... je meurs, dans une explosion nucléaire. Lumière blanche aveuglante.

(Ellipse)

J'y retourne, muni d'une combinaison pour survivre à l'explosion. Quand j'ouvre à nouveau la porte de sortie, la vue se transforme brièvement en mode Hack n' Slash, façon Magicka. Une trentaine de monstres m'assaillent, dont je me débarrasse facilement à grands coups d'explosions.

Je parcours mon chemin, avec une vision un peu bizarre façon lunettes nocturnes : l'explosion/lumière blanche est toujours là mais je vois au travers, un peu comme dans un brouillard léger. Autour de moi, je ressens une impression de guerre et de chaos. Quelqu'un me prévient que je ne vais pas aimer ce que je vais voir. Et en effet : le Hêtre, abîmé par l'explosion nucléaire, s'écroule lentement sous mes yeux.

Voilà, il est tombé.

(Ellipse)

J'y retourne. En lieu et place du Hêtre, il ne reste qu'une souche. Tout est calme.

mercredi 2 mai 2012

Triste, triste Beltaine (suite)

Je me sens un peu désorienté depuis samedi.
J'attendais beaucoup de ces trois jours... J'espérais pouvoir à nouveau redémarrer la flamme en éso. J'espérais repartir ressourcé, transformé presque, avoir une sorte de révélation comme il y a un an. 

C'était symbolique : il y a un an ça a changé complètement ma vie. Là, j'ai un autre changement à effectuer dans un autre domaine tout aussi important, et je voulais le commencer en revenant de Ponthus, en espérant revenir "tout neuf".

J'attendais un nouveau coup de pouce. En voyant les lieux du Hêtre dévastés, j'ai eu la sensation que les dieux m'envoyaient chier en me hurlant de me démerder un peu tout seul.
Il y an un j'ai vraiment l'impression d'avoir eu une chance énorme, une aide gigantesque, une occasion unique de me "mettre à l'éso" (formule plus que phrase qui veut dire prendre quotidiennement soin de ma vie spirituelle). Et que cette occasion, je l'ai gâchée, puisqu'il ne se passe quasiment plus rien plusieurs mois. Plus de méditation, plus de lectures, juste le temps qui passe sans réflexion profonde.

J'ai eu l'impression que les dieux m'envoyaient chier et je me suis demandé pourquoi. Et puis, en rentrant piteusement à la maison, dimanche, je me suis rendu compte que, malgré tout, la magie de la forêt avait opéré quand même. Je me sentais ressourcé. Cette sorte d'éveil de la conscience qui fait réaliser à quel point les points les plus matériels sont les plus futiles. Cet aperçu fugace de la compréhension du paradoxe ultime : chacune de nos existences est brève et infime mais il n'y a rien de plus beau ni de plus important.

Je suis sorti de la forêt dévastée en comprenant que la force dont j'avais besoin, je l'avais en moi, je l'avais toujours eue en moi, et que je n'avais pas besoin d'un coup de pouce.
Je crois que c'est à moi, à nous, de donner un coup de pouce au Hêtre, cette fois.

lundi 30 avril 2012

Triste, triste Beltaine

Beltaine.

Trois jours auprès du Hêtre, comme l'année dernière, cette fois qui a changé ma vie.

On devait être une quinzaine, et on n'était plus que six (Gwenn, Ju, Isatis, Nancy et moi, plus Aurélie qui devait arriver le lundi). Tout le monde s'est décommandé, à chaque fois pour des raisons parfaitement valables, mais tout le monde s'est décommandé quand même. 

Le temps abominable qui durait depuis deux semaines et qui était prévu pour le weekend nous a fait nous demander si on allait vraiment y rester les trois jours. Il fut décidé qu'on tenterait quand même, quitte à rentrer à Rennes au chaud dimanche pour repartir lundi et fêter Beltaine le soir.

Je commence vraiment à croire que quand on dit "ça peut pas être pire", Dieu / les dieux / les esprits répondent "Challenge accepted".

On est arrivé au Brécilien, la patronne qui nous connaît bien nous a dit qu'elle ne voulait pas nous déprimer mais que près de la fontaine de Barenton, c'était abominable, qu'il y avait des arbres coupés partout. C'est peut être le moment de rappeler que 80% de Brocéliande est un terrain privé, incluant le Hêtre de Ponthus. Ce terrain fait partie d'une exploitation forestière.

Bon. Nous sommes tant bien que mal arrivés à la fontaine. De la boue partout comme on n'a jamais vu ça, des arbres coupés en pagaille, effectivement.

Et puis, en route vers le Hêtre. Une barrière qui n'y était pas la dernière fois nous a fait pester, mais bon, elle était juste là pour dissuader. À 300 mètres du Hêtre, on aperçoit un tractopelle sur le bord de la route. À 200 mètres, on enjambe les énormes traces de pneu dudit tractopelle, traces emplies d'eau boueuses.

À 100 mètres... "Oh putain".


(Cliquez pour agrandir)

Un gigantesque pin s'est écroulé sur le Hêtre il y a deux ou trois jours, arrachant une des branches principales. Partout autour, d'autres arbres tombés, ou abattus, des amas de branches mortes disséminés alentour. Des traces de pneus passés allègrement là où on avait pris l'habitude de faire le feu. Des arbres jouxtant le Hêtre marqués d'un gros trait jaune voulant dire, "you're next".

On ne reconnaissait pas l'endroit. On avait envie de pleurer.

Une fois le choc initial à peu près passé, on s'est dit qu'avec le fait que tout le monde se soit décommandé, qu'il fasse un temps épouvantable, que le Hêtre soit blessé, ben... il fallait peut-être arrêter d'insister. On repartirait le lendemain. Ils avaient prévu des rafales de vent et la dernière chose dont on avait besoin c'était qu'un autre arbre s'écroule sur nos tentes.

La soirée fut agréable, au moins. Une fois qu'on eut réussi à faire un feu. La pluie battante contre la tente, la nuit, était une indication de ce qui nous attendrait le lendemain matin.

Le lendemain matin, sans la brume de la veille, le vue était pire.


(Cliquez pour agrandir)

Pour reprendre l'analyse d'Isatis, le terrain est une exploitation forestière et les pins ont commencé à être exploités dans la zone autour du Hêtre, fragilisant le réseau de racines. La terre gorgée d'eau et la tempête d'il y a quelques jours ont fait le reste.

On est rentrés à Paimpont en faisant un tour à la boutique de minéraux, où on leur a appris ce qui était arrivé au Hêtre. Ceux qui tenaient la boutique étaient écœurés. La patronne nous a dit que le proprio du terrain n'était "pas très arrangeant", sous-entendant que c'était un gros con. Elle a également ajouté qu'on n'avait de toute façon pas le droit d'y aller et qu'on ne pouvait donc en théorie rien dire (c'étaient des faits qu'elle détaillait, on sentait bien qu'elle non plus n'avait absolument rien à foutre de cette interdiction). Toute la forêt est en train d'être verrouillée, le Hêtre du voyageur est maintenant inaccessible (barrière, barbelés et tout).

Surtout, elle a dit que si le proprio commençait vraiment à en avoir marre, le Hêtre allait y passer aussi.

Ça nous a un peu glacé le sang.

Je veux dire, même les non-mystiques sont sensibles à la beauté. Même le dernier des connards devrait trouver cet arbre Beau. Je crois. Enfin, je le pensais, avant. Maintenant je doute.

Je passerai sur ce que je pense de cette exploitation forestière, de leur projet de centre d'enfouissement des déchets dans le coin, et surtout de la possibilité de "posséder" un arbre vieux de plusieurs siècles et d'avoir le droit de le couper sur un coup de tête.

Ce sur quoi j'essaie de concentrer mes réflexions, c'est savoir ce qu'on peut faire pour arrêter les dégâts. Et je sais pas.

Contacter le proprio pour lui demander de ne pas se servir de son tractopelle comme un gros bœuf, et de ne pas toucher à la zone autour du Hêtre pour ne pas fragiliser le réseau de racines, bref, en appeler à sa raison ? Quelle que soit la manière dont c'est présenté, je vois pas comment ça pourrait marcher.

Contacter une asso ? Terrain privé, je doute qu'elle puisse faire quelque chose.

Je sais juste pas.

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